Portraits photographiques
Le portrait photographique est fondamental et omniprésent dans la succession des rites funéraires chez les Ewe du Togo et du Ghana.
Réalisé de son vivant, mais parfois modifié et embelli après le décès (1), le portrait du défunt est présenté à ses côtés pendant les cérémonies des funérailles (2). Il est en première page du faire part de décès envoyé aux familles et amis (3). Il annonce le décès et les funérailles sous la forme d'un grand poster destiné à l'espace public (4) (bords de routes, places, carrefours) et sous l'aspect d'une image simplifiée pour les annonces dans les médias (4) (journaux et télévision plus particulièrement au Ghana). Il constitue enfin un modèle essentiel pour le portrait (peint ou sculpté) qui figurera sur le tombeau ou le monument du défunt (kpetata) (5).
Réalisé de son vivant, mais parfois modifié et embelli après le décès (1), le portrait du défunt est présenté à ses côtés pendant les cérémonies des funérailles (2). Il est en première page du faire part de décès envoyé aux familles et amis (3). Il annonce le décès et les funérailles sous la forme d'un grand poster destiné à l'espace public (4) (bords de routes, places, carrefours) et sous l'aspect d'une image simplifiée pour les annonces dans les médias (4) (journaux et télévision plus particulièrement au Ghana). Il constitue enfin un modèle essentiel pour le portrait (peint ou sculpté) qui figurera sur le tombeau ou le monument du défunt (kpetata) (5).
Quand la photographie réalisée du vivant de la personne ne satisfait pas la famille - parce qu'elle ne représente pas le défunt de manière optimale, dans la splendeur de son vivant, voire plus beau que nature - le portrait est alors retouché de différentes manières.
La pose hiératique du portrait - stabilité du corps, retenue de l'expression, frontalité de la prise de vue - est en fait une "pose de chef" ou de notable. Elle permet d'offrir aux spectateurs une image digne et belle de soi, et de les regarder en retour dans une attitude de respect. Cette pose hérite tout autant de la statuaire locale (ewe, fon, yoruba) que des modèles issus de la photographie de studio européenne (française et britannique) des XIX et XXe siècles.
Ce type de portrait et certaines de ses utilisations dans le cadre des rites funéraires se notent aussi bien chez les Ewe (Togo et Ghana) que chez quelques populations du Ghana et chez les Fon et les Yoruba (Bénin et Nigeria). Autant de peuples du Golfe du Bénin qui partagent quelques similitudes culturelles. On observe beaucoup plus rarement ces portraits et leurs usages dans les pays voisins (Burkina Faso, Côte d'Ivoire) où on ne remarque pas de semblables traditions funéraires.
© textes et photographies Angelo Micheli
© textes et photographies Angelo Micheli
1) Portraits réalisés du vivant de la personne et souvent modifiés à des fins funéraires.
Portrait de funérailles réalisé par le photographe
Koda C. Labara, Lomé, Togo.
Photo-montage où la silhouette prédécoupée et recadrée de la défunte apparaît sur un fond de ciel bleu étoilé dans lequel s'élève l'âme de cette dernière.
Portrait de funérailles réalisé par le photographe Atayi Brown,
Grand-Popo, Togo.
Photo-montage grâce auquel le photographe a collé le visage du défunt sur une autre silhouette parée d'un beau pagne, embellissant ainsi le défunt.
Portrait réalisé par le photographe Charles Hounou, Comé, Bénin.
Ce portrait, sans être retouché, a été choisi par la famille pour les funérailles de la personne représentée.
Ce portrait, sans être retouché, a été choisi par la famille pour les funérailles de la personne représentée.
Elisabeth et Israël Laïbi, Pobe, Bénin.
Photo-montage avec le logiciel Photoshop: collage du personnage et de son fauteuil (provenant d'une photo précédente) sur un sol et un fond artificiels.
Portrait-modèle pour funérailles réalisé par le photographe Michel Hounkanrin, Cotonou, Bénin.
Photo-montage grâce auquel seul le visage appartient au client. Silhouette, costume et décors ont été copiés-collés sur Photoshop.
2) Portraits présentés lors des funérailles.
Portrait (photo-montage) de Jean Akato,
présenté lors de ses funérailles sous un grand dais, en 2011,
Zanguera, Togo.
(photo de l'auteur du blog)
Photographie de la présentation du défunt (son portrait officiel à ses côtés), réalisée par
Ida Mehomey,
lors des funérailles de son père, Edouard Mehomey décédé en 2004, lui-même photographe et serviteur de l’Église Christianiste Céleste.
Ida Mehomey,
lors des funérailles de son père, Edouard Mehomey décédé en 2004, lui-même photographe et serviteur de l’Église Christianiste Céleste.
Photographie de présentation d'une défunte (son portrait officiel à ses côtés) réalisée par
Zinsu Cosme Dosa,
en 1990, Porto-Novo, Bénin.3) Portraits photographiques et faire-part.
Photo-montage pour un faire-part réalisé par Koda C. Labara, Lomé, Togo.
Photo-montage pour un faire-part réalisé par Koda C. Labara, Lomé, Togo.
Rex Kobla Makumator,
pour le faire-part du décès de son grand-père, en 2007.
Ce portrait photographique a été utilisé ensuite comme modèle pour le portrait peint du kpetata du défunt (cf. l'onglet de ce blog : "Keta (région), Ghana: Kpetata et portraits funéraires et commémoratifs").
4) Portraits photographiques dans les posters et les médias.
Posters sur la route Aflao-Keta (Ghana).
Posters sur la route Aflao-Keta (Ghana).
Captures d'écran de la télévision nationale du Ghana. Programme spécifique pour les annonces des cérémonies de funérailles.
5) Portraits photographiques utilisés comme modèles pour le portrait funéraire ou le portrait commémoratif du défunt.
Portraits de TORGBUI SETSOAFIA SEWOR II.
Agavedzi Somey, Ghana.
Portraits de VERONICA ADZO YETUI
AMEGBLETOR TORMETY.
Blekusu, Ghana.
Portraits de ADJALLE DADJIE ABRAHAM JACOB.
Quartier d'Amutivé, Lomé, Togo.
© textes et photographies Angelo Micheli
